« Écartez la première idée qui vous vient à l’esprit. Et la deuxième, et la troisième, et la quatrième, et la cinquième. » Ceci n’est pas le conseil d’un grand designer, mais l’une des 22 règles de storytelling de Pixar. Or, ce qui vaut dans un scénario vaut aussi chez vous : nos intérieurs racontent nos histoires. Inspirez-vous des meilleures !
Merlin et la passion des intemporels
Merlin est bien des choses. Un enchanteur foireux du royaume de Kaamelott, votre magasin de bricolage préféré ou encore un grand ahuri qui transplane à travers les époques. Étant donné le titre de l’article, c’est évidemment ce troisième avatar qui nous intéresse.
La tour de Merlin a un DPE catastrophique, elle est rangée avec les pieds, mais quelque chose lui donne beaucoup de charme : sa déco.
Et pas n’importe quelle déco ! Merlin a du goût : d’une époque à l’autre, il pioche des objets qui, bien que représentatifs des temps passés, gardent leur aura intacte. Et une petite patine en plus. Mappemondes, livres reliés, outils d’astronomie et même dame-jeanne.
Faites comme Merlin : chinez-les en brocante !
Une vaisselle façon Chapelier Fou
Si je vous dis Alice in Wonderland, quelles images vous viennent en tête ? Alice et sa robe bleue, bien sûr. La serrure qui parle. Les huîtres du Morse et du Charpentier, la reine de Coeur…
Mais je gage qu’entre deux personnages, des décors vous sautent à l’esprit. Un labyrinthe halluciné. Un damier qui ne file pas droit. Des meubles bancals, pansus ou tarabiscotés : les décors d’Alice sont des personnages à part entière. Et si vous répétez l’exercice dans un autre Disney-Pixar, vous vous rendrez compte que c’est le cas partout.
D’accord, mais comment fait-on lorsqu’on n’a pas la possibilité (ni l’envie) de faire du croquet dans son salon ?
Eh bien, on peut s’inspirer des détails, à commencer par ce twist signé Chapelier Fou : dépareiller la vaisselle.
Il y a quelque chose de gentiment ennuyeux dans une vaisselle coordonnée. Surtout s’il s’agit d’une vaisselle générique comme celles qu’on achète en pack chez Ikea, Hema ou Sostrene Grene. Et si, à la place, vous mettiez du foutraque ?
Chinez de la vieille porcelaine chez Emmaüs.
Mariez le bois, le grès, la fonte.
Des motifs, de l’uni, du neuf, du rococo…
Oubliez le bon goût, qui mène souvent à la monotonie quand on le prend au pied de la lettre. Surprenez, twistez, désaccordez.
Le mobilier fort en caractère de Carl
Quand je serai vieille, je veux être Carl Fredricksen. Dire « Na ! » et s’envoler avec sa maison, ça vous pose une retraite !
D’ailleurs, la maison de Là-haut est véritablement un personnage. Qui n’a pas eu la gorge serrée quand Carl l’abandonne aux Chutes du Paradis ?
Cette brave petite maison toute carrée (comme Carl), auréolé d’une nuée de ballons colorés (comme Ellie).
Même l’intérieur de cette maison est un joyeux mélange du couple. L’exemple emblématique : Les deux fauteuils de lecture. Celui de Carl est rouge brique et trapu. Celui d’Ellie se déploie comme une tulipe, avec une tapisserie fleurie et un dossier bombé.
Chacun de ces fauteuils a un parti pris bien campé : ils sont ce qu’on appelle des pièces fortes. Des meubles avec une portée esthétique et symbolique particulière, qui reflètent quelque chose de leur propriétaire.
Vous n’avez pas le budget pour acheter des meubles d’exception ? Mettez l’accent sur un seul : une bibliothèque à moulures, une table de campagne, un buffet en bois foncé relooké…
À elle seule, une pièce forte est une pièce de théâtre.
Les plans sur la comète de Raiponce
Le syndrome de Raiponce existe. Il s’appelle la trichophagie (je vous laisse regarder, âmes sensibles s’abstenir) mais la Raiponce du Disney, elle, est sujette à une autre pathologie : le syndrome de Stockholm.
Un syndrome de Stockholm appliqué à sa mère d’adoption, et, par extension, à la tour où elle est cloîtrée. Tour fort cosy au demeurant, mais où l’on tourne un peu en rond au bout de 18 ans. Faute de s’autoriser à partir physiquement, Raiponce élabore un autre plan : elle s’évade avec sa créativité. Elle déploie de grandes arabesques violettes, des soleils en clé de voûte. Elle va jusqu’à peindre la fameuse nuit des lanternes sur un mur entier.
Bref, elle déroule la tendance du papier peint panoramique… avec quelques siècles d’avance !
Une très bonne astuce pour ajouter une dimension supplémentaire à une pièce un peu triste.
Ouvrez le quatrième mur : direction l’imaginaire !
Une fibre nostalgique avec Avalonia
Peut-être avez-vous vu passer cette étude britannique sur les couleurs. Le bilan est tristoune : les tons noirs, gris et blancs représentent 50 % de la palette des objets du quotidien. Une proportion en nette hausse, voyez plutôt :
En comparaison, les années 60-70 semblent sortir d’un univers de SF sous acides avec leurs contours ronds et leurs couleurs saturées. L’objet qui les symbolise le mieux ? La lampe à lave Astro. Avec sa silhouette de fusée et ses bulles de magma Technicolor qui évoluent en apesanteur, elle suscite la fascination, une légère condescendance ou la mélancolie d’une époque qu’on embellit a posteriori.
Toute cette ambiance de formes rondes et élastiques, de phosphorescences, de coloris pop et chewing-gums, se retrouve intacte dans le dernier Disney-Pixar Avalonia. L’histoire commence comme une BD d’aventures des années 80 et se poursuit dans le passé. Tout du long, Avalonia évoque un voyage dans une lampe à lave. C’est régressif, c’est joyeux, on en prend plein les mirettes…
Et on en ressort avec l’envie de ressortir notre vieille lampe à lave pour la regarder buller comme lorsqu’on était enfant.
Après tout, pourquoi cantonner les couleurs au passé ?
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